mardi 1 mai 2012

Le CPR divisé en deux factions

A qui profite la confrontation ?

Après Ettakatol, c’est au tour du Congrès pour la République (CPR) de vivre des frictions qui menacent de le scinder en deux fractions.
Le parti cher au Dr Moncef Marzouki a vu, en effet, dimanche 29 avril, le «groupe des ministres» et celui fidèle à Abderraouf Ayadi, S.G. «évincé», s’affronter à Gabès, à la faveur d’une réunion interrégionale.
Que s’est-il passé réellement entre les «frères ennemis» du CPR ?
Azed Badi, Tahar H’mila et Abderraouf Ayadi racontent aux lecteurs de La Presse les péripéties de la «confrontation» de dimanche dernier. Chassé-croisé.
Présent sur les lieux, Azad Badi témoigne : «C’était une rencontre interrégionale qui devrait réunir les adhérents des structures de Gabès, Kébili, Tozeur, Tataouine et Médenine, dans le cadre d’une série de réunions. Celle de Gabès étant la dernière avant la tenue de la conférence nationale du CPR prévue le 6 mai à Kairouan.
Actuellement, le CPR s’est scindé en deux factions : la première est constituée des membres qui appartiennent à l’équipe gouvernementale, Abbou, Maâter et compagnie, qui s’est éloignée des idéaux du Congrès, la deuxième regroupe ceux attachés à la préservation des principes sur lesquels se fonde notre parti.
«Le groupe des ministres» a toujours essayé de saper notre action au cours des réunions précédentes. A Gabès, ils nous ont envoyé des milices qui ont entravé la tenue de notre rencontre. Ces mercenaires ne connaissaient même pas les membres de notre groupe. A preuve, ils attendaient l’arrivée de Abderraouf Ayadi, alors qu’il était à leurs côtés. Ils ont d’ailleurs pris Lilia Ben Khedher pour Om Zied, qu’ils ont agressée verbalement. Ce qui confirme qu’ils sont des mercenaires engagés et payés pour accomplir cette sale besogne. Il y avait même des intrus d’autres partis, dont l’ex-RCD.
Suite aux menaces d’agression physique et à la crevaison des pneus de nos voitures, nous avons été obligés de nous réfugier dans une oasis voisine. Le gouverneur de Gabès s’est déplacé sur place pour constater les agressions dont nous avons été victimes. Nous avons ensuite déposé une plainte. Nous condamnons ce retour à la violence au moment où, normalement, le droit à la différence, au dialogue et à la démocratie devrait être consacré. C’est un tournant grave et dangereux.
Les agressions visent à saboter la réunion du 6 mai à Kairouan et à entraver le processus de réforme entamé au sein du CPR. La collaboration avec l’équipe gouvernementale du CPR est terminée, nous ne pouvons plus nous asseoir avec eux à la même table de négociations. Ce qui prouve leur faillite. Nawfel Ghribi, secrétaire général du Bureau régional de Gabès, prétend dans un communiqué que notre groupe a été empêché de tenir sa réunion sous prétexte qu’il ne représente pas le CPR. Outre la vidéo dans laquelle le secrétaire général adjoint de la section de Gabès avoue qu’ils se sont dressés contre nous pour empêcher la réunion».
Interrogé de son côté, Taher Hmila, membre du bureau politique appartenant à la faction de l’équipe gouvernementale du CPR, nie en bloc les accusations de la faction adverse : «Nous n’avons pas de milices, nous sommes des gens civilisés et attachés au règlement intérieur de notre parti. Ceux qui cherchent à détruire le CPR sont des hors-la-loi. Abderraouf Ayadi a outrepassé la mission de secrétaire général que nous lui avions confiée.
Cette mission devait prendre fin le 8 janvier 2012. Mais, nous avons été surpris de le voir convoquer un conseil national dans le dessein de se maintenir à la tête du parti contre la volonté des autres membres du bureau politique (BP). ‘‘Mieux’’, il a publié des communiqués et des déclarations de presse contraires aux décisions du BP. Face à ce comportement inacceptable, nous lui avons accordé un délai de trois semaines pour régulariser la situation. A défaut, le jeudi 19 avril, nous avons décidé de lui retirer la fonction de secrétaire général. Et c’est le BP qui a été chargé de la gestion du parti. Seul Imed Daïmi est habilité à parler au nom du CPR en tant que porte-parole, et ce, jusqu’à la tenue du conseil national prévu le 12 mai, en attendant la tenue du congrès national en juillet 2012».
Le constituant Taher Hmila tient à préciser : «Abderraouf Ayadi n’est pas habilité à agir au nom du CPR. Il paraît qu’il va même constituer un autre parti regroupant les déserteurs des autres partis politiques, faisant, ainsi, ce qu’a fait Khemaïs Ksila au sein d’Ettakatol».
Enfin, M. Abderraouf Ayadi nous a déclaré ce qui suit : «Je suis choqué, je n’imaginais jamais qu’une réunion inter-régionale du CPR pouvait être empêchée par une vingtaine de milices qui ne faisaient qu’appliquer les instructions venues d’ailleurs. Je croyais que l’ère Ben Ali était terminée. Encore heureux que le gouverneur venu sur les lieux ait présenté des excuses tandis que la police n’a pas levé le petit doigt.
On voulait discuter du projet de la ligne politique du parti, mais nous avons été agressés verbalement et menacés d’agressions physiques. Et supposons que j’aie été évincé du poste de secrétaire général, élu dans les règles, je suis toujours membre de l’ANC et membre du bureau politique du CPR dont je suis l’un des fondateurs. J’ai par conséquent le droit de m’activer au sein du parti. Je me demande quelle est l’erreur que j’ai commise et qui permet de tels comportements inadmissibles au moment où on réfléchit à la réforme de la ligne politique de notre parti que nous voulons porteur d’idées et d’idéaux.
J’ai le sentiment que ceux qui tirent les ficelles ne veulent pas d’un parti politique indépendant. Pour eux, le CPR doit rester une succursale d’Ennahdha. La réunion du 6 mai prochain à Kairouan sera décisive en ce sens que la base tranchera et décidera de l’avenir du parti».

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