dimanche 13 mai 2012

RETRO DU 13 MAI 2012




Charité bien ordonné commence par soi même

Plusieurs chaines locales et étrangères ont rapporté l’info par l’image et le son : outre des milliers de citoyens  tunisiens, 4500 environ, des Constituants  de l’Assemblée nationale constituante, des centaines de  représentants de la société civile et quelques membres du gouvernement ont  fait la semaine écoulée une grève de la faim. Apportant, ainsi, leur soutien aux 2500 prisonniers palestiniens, eux-mêmes en grève de la faim depuis un mois pour protester contre les conditions dramatiques et inhumaines inacceptables de leur détention, depuis des années, dans les prisons israéliennes.

Une action de solidarité louable : quoi de plus normal pour attirer le regard du monde sur les épreuves, les exactions et les souffrances que connait le peuple palestinien, cependant on aurait aimé voir, également, tous ces Constituants et membres du gouvernement, soutenir les blessés de la Révolution dont plusieurs sont courroucés et profondément déçus par leur indifférence. Deux d’entre eux Khaled Ben Nejma et Mohamed Mzah ont entamé, depuis voilà  deux semaines, une grève de la faim, non pas seulement pour demander des soins à l’étranger mais selon le premier «Pour en finir avec la vie devenue insupportable».

 On ne comprend, donc, pas le silence assourdissant de la Troïka qui doit sa libération politique et sa place, actuellement, au sommet du pouvoir, grâce aux  martyrs et aux blessés de la Révolution. Ces derniers se sentant totalement  négligés et par le gouvernement rejetés. Soutenir les prisonniers de Gaza c’est bien, en faire de même avec les fils du pays et a fortiori avec les blessés de la Révolution et pourquoi pas les chômeurs c’est encore mieux.


Intimidation après le direct

Juste dans la foulée de sa participation au dossier Sahafa Horra, diffusé mardi dernier sur El watania 1, et qui s’est focalisé sur la liberté de la presse à l’occasion de la journée du 3 mai, Mme Rachida Ennaifar, ancienne journaliste à La Presse et actuellement enseignante à la faculté des sciences juridiques et sociales de Tunis a reçu, alors qu’elle était encore au siège de la télé nationale, un mystérieux et étrange coup de fil… Les faits ont été rapportés en direct et en substance par Amin Mtiraoui, un jeune journaliste du blog collectif Nawaat qui a participé au dernier panel du débat : «Mme Ennaifer a reçu dans la loge de l’établissement une communication de la part d’un individu qui l’attendait devant la porte d’entrée extérieure de l’établissement, prétendant que c’est un cousin à elle qui se prénomme Zine El Abidine qui l’a envoyé pour la raccompagner chez elle».Voilà qu’on en arrive à l’intimidation qui frise les menaces de la part d’anonymes pour décourager et dissuader les intervenants qui ont le courage de dire clairement et sans détour leur opinion que ce soit sur les questions des médias publics, de la liberté de la presse ou de tout autre problème. Qu’a bien pu dire l’intervenante pour susciter un tel chantage déguisé ? Peut être parce qu’elle a défendu les médias publics et la nécessité de leur indépendance et de leur existence en tant que force régulatrice de l’ensemble du paysage médiatique et peut-être aussi parce qu’elle a déploré «que le pouvoir ait, aujourd’hui même, recours aux mêmes personnes qui ont contribué à l’échec  de la politique de l’information établie par l’ancien régime». En fait, à notre avis, c’est le langage franc de la sérénité qui semble déranger ces individus et ceux là même tapis dans l’ombre qui les manipulent.

Mais ce qui est sûr c’est que ce genre d’agissement, pour le moins, inqualifiable et inadmissible, représente, au-delà de la personne de l’intervenante, un tournant grave en ce qui concerne la sécurité des invités de la télé nationale, notamment, pour les émissions en direct. Ces intimidations enrobées de menaces à peine voilées ont clairement pour but de pousser les personnes invitées des médias publics à réfléchir à deux fois avant d’accepter une invitation. Parti sans être inquiété ce maître-chanteur menaçant s’est volatilisé dans la nature non sans créer des interrogations et des appréhensions de la part de tous ceux qui ont fait ou participé à cette émission concoctée et animée par Amel Chahed et qui s’est focalisé sur la réalité et les aspirations des médias pour un futur professionnel meilleur

.  Ainsi, pour conclure, disons que c’est la sécurité, des invités des chaînes publiques qui est en danger surtout qu’elle doit être assurée par l’Etat dont l’une des tâches est de protéger les institutions appartenant au service public, ceux qui y travaillent et ceux qui les visitent en tant qu’invités ou autres. A bon entendeur…





«Bienvenue» au sejnanistan !!!

Encore une histoire de sécurité et d’absence de protection des citoyens par l’Etat, c’est ce que rapporte la chaîne El Hiwar Ettounsi : deux bus transportant une centaine d’étudiants de l’Institut supérieur des sciences biologiques, à l’occasion d’une sortie d’études à Aïn Drahem, ont été attaqués, Dimanche dernier, à Sejnane, par des Salafistes. Les cars ont été poursuivis et  immobilisés, suite à un petit incident avec des enfants taquins, pendant une heure moins quart ils ont été pris en otages et carrément terrorisés avant d’être relâchés. Les accusations fusaient : blasphème, mixité, nudité, etc.

Chirine et Amani, deux étudiantes présentes à  cette «excursion qu’elles croyaient «bio», mais qui a tourné à l’horreur, sont venues, courageusement, témoigner  à visage découvert, sur le plateau  de la chaîne engagée et militante : « Deux individus vêtus de Qamis, armés de bâtons et portant une longue barbe hirsute nous ont traités de filles aux mœurs légères et de mauvaise vie, ils ont agressé verbalement et physiquement des garçons et des filles, ils ont fait descendre du bus un garçon, l’ont giflé, déclarant qu’ils allaient appliquer la Chariaâ et le décapiter, nous avons eu une peur bleue, c’était l’enfer…Vous êtes au Sejnanistan, Emirat indépendant,  hors des lois tunisiennes… Ils ont, enfin, consenti à nous laisser partir, mais en échange ils voulaient garder en otages deux de nos camarades, une fille et un garçon. Notre professeur et quelques étudiants ont dû négocier avec eux, pendant une demi- heure, nous les avons suppliés pour qu’ils relâchent les «détenus »  et nous laissent enfin repartir. Ce qu’ils ont fini par accepter mais après nous avoir violemment agressés à coups de matraque. Tout ça en l’absence de la police pourtant sollicitée mais qui n’a pas cru bon de se déplacer, peut-être que les agents avaient peur, quand la garde nationale est arrivée nous étions déjà libérés, nous avons, enfin, déposé plainte à Tabarka après l’hospitalisation des blessés et l’obtention de certificats médicaux».

Encore éprouvée par le drame qu’elles ont vécu ces deux témoins déplorent que les citoyens ne puissent plus circuler librement dans leur propre pays et qu’il y ait des zones hors la loi, ce qui n’était nullement le cas par le passé.

Ainsi, il semble que l’Emirat de Sejnane, dont l’existence a été, pourtant bel et bien, fermement niée par le gouvernement  reprend du service : «Bienvenue» au Sejnanistan !!!des Salafistes font la loi dans l’impunité la plus totale sans que les forces de sécurité ne lèvent le petit doigt, pourtant, répétons le encore une fois, c’est à l’Etat de protéger les citoyens contre toutes violences et agressions, loin de toutes considérations électorales et d’intérêts personnels et partisans étroits, à défaut c’est assurément, et plus que jamais, le chaos général qui guette le pays.

S.D.

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