Charité bien ordonné
commence par soi même
Plusieurs chaines locales et étrangères ont rapporté l’info
par l’image et le son : outre des milliers de citoyens tunisiens, 4500 environ, des Constituants de l’Assemblée nationale constituante, des
centaines de représentants de la société
civile et quelques membres du gouvernement ont fait la semaine écoulée une grève de la faim.
Apportant, ainsi, leur soutien aux 2500 prisonniers palestiniens, eux-mêmes en
grève de la faim depuis un mois pour protester contre les conditions
dramatiques et inhumaines inacceptables de leur détention, depuis des années,
dans les prisons israéliennes.
Une action de solidarité louable : quoi de plus normal
pour attirer le regard du monde sur les épreuves, les exactions et les
souffrances que connait le peuple palestinien, cependant on aurait aimé voir,
également, tous ces Constituants et membres du gouvernement, soutenir les
blessés de la Révolution dont plusieurs sont courroucés et profondément déçus
par leur indifférence. Deux d’entre eux Khaled Ben Nejma et Mohamed Mzah ont
entamé, depuis voilà deux semaines, une
grève de la faim, non pas seulement pour demander des soins à l’étranger mais
selon le premier «Pour en finir avec la
vie devenue insupportable».
On ne comprend, donc,
pas le silence assourdissant de la Troïka qui doit sa libération politique et
sa place, actuellement, au sommet du pouvoir, grâce aux martyrs et aux blessés de la Révolution. Ces
derniers se sentant totalement négligés
et par le gouvernement rejetés. Soutenir les prisonniers de Gaza c’est bien, en
faire de même avec les fils du pays et a fortiori avec les blessés de la
Révolution et pourquoi pas les chômeurs c’est encore mieux.
Intimidation après le
direct
Juste dans la
foulée de sa participation au dossier Sahafa
Horra, diffusé mardi dernier sur El
watania 1, et qui s’est focalisé sur la liberté de la presse à l’occasion
de la journée du 3 mai, Mme Rachida Ennaifar, ancienne journaliste à La Presse
et actuellement enseignante à la faculté des sciences juridiques et sociales de
Tunis a reçu, alors qu’elle était encore au siège de la télé nationale, un
mystérieux et étrange coup de fil… Les faits ont été rapportés en direct et en
substance par Amin Mtiraoui, un jeune journaliste du blog collectif Nawaat qui
a participé au dernier panel du débat : «Mme Ennaifer a reçu dans la loge de l’établissement une communication
de la part d’un individu qui l’attendait devant la porte d’entrée extérieure de
l’établissement, prétendant que c’est un cousin à elle qui se prénomme Zine El
Abidine qui l’a envoyé pour la raccompagner chez elle».Voilà qu’on en
arrive à l’intimidation qui frise les menaces de la part d’anonymes pour
décourager et dissuader les intervenants qui ont le courage de dire clairement
et sans détour leur opinion que ce soit sur les questions des médias publics, de
la liberté de la presse ou de tout autre problème. Qu’a bien pu dire
l’intervenante pour susciter un tel chantage déguisé ? Peut être parce qu’elle
a défendu les médias publics et la nécessité de leur indépendance et de leur
existence en tant que force régulatrice de l’ensemble du paysage médiatique et
peut-être aussi parce qu’elle a déploré «que
le pouvoir ait, aujourd’hui même, recours aux mêmes personnes qui ont contribué
à l’échec de la politique de
l’information établie par l’ancien régime». En fait, à notre avis, c’est le
langage franc de la sérénité qui semble déranger ces individus et ceux là même tapis
dans l’ombre qui les manipulent.
Mais ce qui est
sûr c’est que ce genre d’agissement, pour le moins, inqualifiable et
inadmissible, représente, au-delà de la personne de l’intervenante, un tournant grave en ce qui concerne
la sécurité des invités de la télé nationale, notamment, pour les émissions en
direct. Ces intimidations enrobées de menaces à peine voilées ont clairement
pour but de pousser les personnes invitées des médias publics à réfléchir à
deux fois avant d’accepter une invitation. Parti sans être inquiété ce
maître-chanteur menaçant s’est volatilisé dans la nature non sans créer des
interrogations et des appréhensions de la part de tous ceux qui ont fait ou
participé à cette émission concoctée et animée par Amel Chahed et qui s’est
focalisé sur la réalité et les aspirations des médias pour un futur
professionnel meilleur
. Ainsi, pour conclure, disons que c’est la
sécurité, des invités des chaînes publiques qui est en danger surtout qu’elle
doit être assurée par l’Etat dont l’une des tâches est de protéger les
institutions appartenant au service public, ceux qui y travaillent et ceux qui
les visitent en tant qu’invités ou autres. A bon entendeur…
«Bienvenue» au sejnanistan !!!
Encore une histoire de sécurité et d’absence de protection
des citoyens par l’Etat, c’est ce que rapporte la chaîne El Hiwar Ettounsi :
deux bus transportant une centaine d’étudiants de l’Institut supérieur des
sciences biologiques, à l’occasion d’une sortie d’études à Aïn Drahem, ont été
attaqués, Dimanche dernier, à Sejnane, par des Salafistes. Les cars ont été
poursuivis et immobilisés, suite à un
petit incident avec des enfants taquins, pendant une heure moins quart ils ont
été pris en otages et carrément terrorisés avant d’être relâchés. Les
accusations fusaient : blasphème, mixité, nudité, etc.
Chirine et Amani, deux étudiantes présentes à cette «excursion qu’elles croyaient «bio»,
mais qui a tourné à l’horreur, sont venues, courageusement, témoigner à visage découvert, sur le plateau de la chaîne engagée et militante : « Deux individus vêtus de Qamis, armés
de bâtons et portant une longue barbe hirsute nous ont traités de filles aux
mœurs légères et de mauvaise vie, ils ont agressé verbalement et physiquement
des garçons et des filles, ils ont fait descendre du bus un garçon, l’ont
giflé, déclarant qu’ils allaient appliquer la Chariaâ et le décapiter, nous avons
eu une peur bleue, c’était l’enfer…Vous êtes au Sejnanistan, Emirat
indépendant, hors des lois tunisiennes…
Ils ont, enfin, consenti à nous laisser partir, mais en échange ils voulaient
garder en otages deux de nos camarades, une fille et un garçon. Notre
professeur et quelques étudiants ont dû négocier avec eux, pendant une demi-
heure, nous les avons suppliés pour qu’ils relâchent les «détenus »
et nous laissent enfin repartir. Ce qu’ils ont fini par accepter mais après
nous avoir violemment agressés à coups de matraque. Tout ça en l’absence de la
police pourtant sollicitée mais qui n’a pas cru bon de se déplacer, peut-être
que les agents avaient peur, quand la garde nationale est arrivée nous étions
déjà libérés, nous avons, enfin, déposé plainte à Tabarka après l’hospitalisation
des blessés et l’obtention de certificats médicaux».
Encore éprouvée par le drame qu’elles ont vécu ces deux
témoins déplorent que les citoyens ne puissent plus circuler librement dans
leur propre pays et qu’il y ait des zones hors la loi, ce qui n’était nullement
le cas par le passé.
Ainsi, il semble que l’Emirat de Sejnane, dont l’existence a
été, pourtant bel et bien, fermement niée par le gouvernement reprend du service : «Bienvenue» au Sejnanistan !!!des
Salafistes font la loi dans l’impunité la plus totale sans que les forces de sécurité
ne lèvent le petit doigt, pourtant, répétons le encore une fois, c’est à l’Etat
de protéger les citoyens contre toutes violences et agressions, loin de toutes
considérations électorales et d’intérêts personnels et partisans étroits, à
défaut c’est assurément, et plus que jamais, le chaos général qui guette le
pays.
S.D.
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