samedi 24 novembre 2012


A propos des tagueurs de Gabès

Zwewla ou les cavaliers de la nuit

 Le «Z» de «Zwewla» veut dire Zorro, mot qui signifie «renard» en espagnol. Ce personnage de fiction, créé en 1919 par Johnston McCulley, est un justicier masqué, de noir vêtu, qui combat l’injustice en Californie espagnole au XIXe siècle. Il a inspiré des romans, des bandes dessinées, des films, des séries télévisées, des dessins animés, des jeux et d’autres héros masqués tels que Batman chez les créateurs de DC Comics aux USA. (1)
Le voilà qui inspire  de jeunes artistes «graffeurs» tunisiens. Tout comme leur héro préféré, ces derniers se donnent pour mission de dénoncer les injustices et de défendre les victimes de la pauvreté. Sous le masque de la nuit, ils écrivent ce qu’ils pensent sur les murs. «Handhala», le fameux personnage du dessinateur palestinien assassiné, se trouve partout sur leurs tags. Il tournera le dos  tant que justice ne sera  pas rendue au «zwewla», les misérables de ce pays. Mais qui rendra, à son tour, justice à Chahine Berrich et Oussama Bouajila, membres du groupe, accusés de trois délits passibles de prison, parce qu’ils ont «osé» s’exprimer?

JCC 2012-En attendant la clôture ce soir


Jouons au palmarès 

 C’est ce soir qu’auront lieu la clôture et la proclamation du palmarès de la 24e édition des JCC. En attendant que les jurys des compétitions internationales des courts et longs métrages de fiction et du documentaire livrent leur choix, continuons notre marathon cinéphile et jouons un peu au palmarès des longs métrages (LM) de fiction.
Les chevaux de Dieu du Marocain Nabil Ayouch figure en première place dans notre palmarès tant il force le respect et mérite amplement la récompense suprême, autrement dit le Tanit d’or. L’opus dénonce, avec une grande maîtrise et de manière bouleversante, l’embrigadement des esprits à des fins idéologiques et terroristes. Pour cela, il restitue la trame ayant abouti aux attentats de Casablanca, en 2003 et démonte, à travers une peinture psycho-sociale, les mécanismes qui conduisent à la manipulation et à l’embrigadement d’une jeunesse misérable et sans avenir. Pour cela, il a focalisé sur le parcours de deux frères, sans repères, issus du bidonville de Sidi Moumen, quartier très défavorisé, d’où sont originaires les jeunes ayant commis les attentats de Casablanca (voir notre critique dans La Presse du 21/11/2012). Cerise sur le gâteau, le film est interprété avec une grande justesse par des acteurs non professionnels.
 Les autres longs métrages qui méritent de figurer dans notre palmarès sont : Tout va bien ici de l’Angolaise Pocas Pascoal qui convainc par la sobriété de la forme et la force du propos se focalisant sur le combat quotidien de deux jeunes sœurs ayant fuit la guerre civile en Angola pour se réfugier à Lisbonne. Racisme, humiliation, peur, misère, désespoir et désarroi font partie du quotidien de ces jeunes filles perdues, livrées à elles-mêmes et aux dangers de la ville, le père ayant disparu et la mère assassinée. Cet opus met en scène la perpétuelle lutte pour la survie que ce soit en temps de guerre ou en temps de paix. Mais que réserve le destin pour les uns et pour les autres. ? C’est là en fait la vraie question.
Vierge Margarida du Mozambicain Licinio Azevedo traite de la période révolutionnaire en Mozambique à travers des problèmes sociaux et politiques. La condition des femmes battantes et résistantes, à travers l’histoire et les âges, est filmée grâce à une mise en scène épurée à telle enseigne que le long métrage prend des allures d’élégie.
La pirogue du Sénégalais Moussa Touré nous transporte dans le monde des «Harraga» et de l’immigration clandestine dans une traversée de tous les dangers. Le film constate, dénonce, sans juger, mais sa caméra souligne la misérable et tragique condition humaine de milliers d’Africains qui n’ont plus rien à perdre et croit qu’ils ont tout à gagner, en se jetant dans les pirogues de la mort. Sobre, saisissant et poignant.
Nos prix d’interprétation vont à deux frères et deux sœurs en ex-aequo : Abdehakim et Abdelilah Rachid interprétant les frères, dans Les Chevaux de Dieu, Cheila Lima et Giomara Morais dans Tout va bien ici.

Tendances thématiques 

Outre Les chevaux de Dieu l’embrigadement idéologique et le drame du terrorisme représentent la tendance thématique de cette édition, puisque plusieurs films traitent du terrorisme vecteur de  mort et de destruction, tel Parfum d’Alger de Rachid Benhadj, qui, en traitant de la violence sanglante ayant entaché l’Algérie, lors de la décennie noire a hélas pêché par  des redondances, des longueurs et des dialogues façon discours direct, outre un casting peu crédible. Car, à l’évidence, l’actrice italienne Monica Guerritore, dans le rôle de Karima, ne correspond nullement  au personnage d’une quadragénaire, supposée être du même âge que son amie de jeunesse, Samia, devenue sa belle-sœur qui, elle, est encore fraîche et féconde (Rim Takoucht). Le décalage est tellement criard qu’il en devient ridicule. Le personnage du père fort diabolisé aussi. Car ça sent le manichéisme simpliste.
Autres films traitant de l’embrigadement idéologique: Le repenti de Merzak Allouache qui, hélas, pèche par excès de dramatisation, d’emphase et de manque de distance. Ce qui est fort dérangeant et inattendu  de la part du cinéaste algérien plus que confirmé. Mort à vendre du Marocain Faouzi Ben Saïdi, un film noir classique et linéaire qui raconte le quotidien morose de trois petits voyous, des délinquants dont l’un d’entre eux est repéré par des islamistes radicaux.
Les dangers de l’embrigadement idéologique, les voyages clandestins, les conditions de vie humaine,  la recherche de repères et de valeurs et d’une vie meilleure sont les dominantes thématiques de cette session. Toutefois, et c’est fort dommage, au plan de la forme la dominante demeure en majorité conventionnelle. C’était là nos préférences pour les L.M. de fiction de la 24e session des JCC, le jury, lui, aura d’autres choix, mais l’important, c’est que son palmarès réponde à des repères cinématographiques.
Auteur : Samira DAMI
Ajouté le : 24-11-2012

ATTOUNSSIA-Affaire de l'interview de Slim Chiboub


Le tribunal de première instance de Tunis prononce un non lieu

Diffusion de l’émission ce soir

Dans un jugement rendu public, hier, le juge en référé près le Tribunal de première instance de Tunis a prononcé un non-lieu dans l’affaire de l’interview de Slim Chiboub intentée, jeudi, par le chargé du contentieux de l’Etat. Cette plainte visait l’interdiction de la diffusion sur la chaîne de télé «Attounssia» et sur toutes les autres chaînes tunisiennes, pour une durée indéterminée, l’interview du gendre de Ben Ali, réalisée par l’animateur et producteur Moëz Ben Gharbia, et enregistrée aux Emirats Arabes Unis, à Abou Dhabi.
En vertu de ce jugement, la diffusion de l’interview est autorisée : «Attounssia a désormais le droit de diffuser l’interview sans aucun obstacle», a déclaré Moëz Ben Gharbia à ce propos.
Contacté, un responsable d’Attounssia a déclaré à La Presse que l’interview de Slim Chiboub sera diffusée sur «Attounssia» ce soir en deuxième partie de soirée.
Et d’ajouter : «Maître Béchir Essid a fait un plaidoyer d’une heure. C’est la liberté de la presse qui a triomphé». Rappelons que la diffusion de cet entretien était prévue, jeudi soir, dans l’émission «Attassiaâ Massa» (9 heures du soir) avant d’être interdite par le Tribunal de première instance de l’Ariana, à la demande du chargé du contentieux de l’Etat.
Ce que Néjiba Hamrouni, présidente du Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens), a qualifié de «grave précédent». Pour sa part, le chef du gouvernement Hamadi Jebali a justifié cette requête, jeudi soir, estimant, selon l’Agence officielle TAP, que cette interview «était un prélude à une normalisation planifiée des symboles de l’ancien régime». Et d’ajouter : «Nous ne tolérerons pas ce plan machiavélique».
Interrogé, hier, de son côté par La Presse, Samir Taïeb, constituant d’El Massar, a déclaré : «Heureusement que le juge est intervenu pour arrêter cette mascarade qui préfigurait un retour à la censure et un coup dur à la liberté d’information et de la presse. Car on ne peut  juger un contenu qui n’a pas encore été diffusé. On ne peut interdire une émission avant son passage. On peut porter plainte s’il y a des dépassements, infractions à la loi ou aux règles de la déontologie. La justice transitionnelle a pris beaucoup de retard, on doit ouvrir les dossiers pour effectuer les jugements puis la réconciliation. D’autre part, si la Haute autorité indépendance de la communication audiovisuelle (Haica) avait été mise en place plus tôt, toute cette affaire n’aurait pas eu lieu et ce serait à elle d’en juger et non pas au gouvernement et à l’Etat qui sont juge et partie. «En tout cas, c’est une bonne chose que le juge ait débouté la partie plaignante et donné raison à Attounssia».
Enfin, de son côté, Moëz Ben Gharbia a déploré cette interdiction, soulignant que «l’interview de Chiboub va dans le sens de la justice transitionnelle», d’autant que l’interviewé a déclaré être prêt à retourner au pays et à se rendre à la justice tunisienne. Mieux, il a reconnu avoir profité du système de l’ancien régime.
Ventilée en deux parties, l’émission comprend d’abord l’interview avec le gendre du président déchu qui, rappelons-le, a fui le pays lors de la révolution et se trouve sous le coup de plusieurs procédures judiciaires et dont les biens en Tunisie ont été saisis.
La deuxième partie comprend, ensuite, un direct avec Slim Chiboub qui répondra aux questions des téléspectateurs.
Voilà une affaire «qui a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux et sur la scène politique entre partisans de la diffusion de l’interview au nom de la liberté d’expression et opposants à sa diffusion, invoquant les dangers de la banalisation des tribunes offertes aux symboles de la corruption». Le débat reste ouvert.
Samira DAMI

vendredi 16 novembre 2012

HAICA


Pour une régulation dans le consensus et la transparence
Une réunion de travail sur l’activation du décret 116 et sur la mise en application de la Haute autorité indépendante de l’audiovisuel (Haica) s’est tenue, samedi dernier, à la Présidence de la République. La séance a réuni le président de la République, Moncef Marzouki, et des représentants des médias publics et privés, le Syndicat national des journalistes tunisiens, le Syndicat général de la culture et de l’information (Sgci), le Syndicat des entreprises indépendantes de presse ainsi que le président de l’Instance nationale indépendante de la réforme de l’audiovisuel (Inric auto-dissoute) et autres universitaires et journalistes.
Un dialogue a été, ainsi, établi dans le but de présenter les différentes positions de toutes les parties  concernées par le texte de loi du décret 116 et la consultation des principales parties sur la mise en application de la Haica. Après un échange entre les participants, une réunion a été décidée pour mardi prochain entre les différents représentants syndicaux afin de proposer les éventuels amendements des articles objet de divergence et qui semblent poser problème. Dans la foulée, une seconde réunion sera tenue jeudi 15 novembre entre les représentants syndicaux des médias et le président de la République : «Afin d’identifier une vision globale et amendée du décret-loi 116 qui soit approuvée à l’unanimité».
Kamel Laâbidi, président de l’Inric autodissoute, nous a briefés sur cette séance : «Un tour de table a eu lieu en vue d’une consultation sur la question de la mise en application de la Haica qui, et c’est une recommandation du président de la République, doit voir le jour dans les plus brefs délais, d’ici fin novembre. Le décret 116 a été également l’objet d’échanges, le Syndicat des entreprises indépendantes de presse ayant demandé des amendements de certains de ses articles. Des réunions de concertation auront lieu entre les syndicats des médias, l’Inric et certaines compétences afin de relire le texte de loi et faire la lumière sur les articles qui semblent poser problème et susciter l’inquiétude de certaines parties. L’important à nos yeux est de continuer ce dialogue tout en passant en revue des textes de loi similaires portant organisation des instances de régulation de l’audiovisuel dans les pays démocratiques. Car pour préparer ce texte de loi nous avons, à l’Inric, étudié une quarantaine d’expériences à travers le monde.  Ce qui est positif, par ailleurs, c’est la volonté affichée par le président de la République afin que la composition de cette instance, entre président et membres, réponde aux critères et aux conditions stipulées dans les articles 7 et 47 du décret-loi».
Nabil Jmour, secrétaire général de la Sgci, présent à cette réunion, a indiqué : «Les participants ont entendu les différentes positions et réactions des parties concernées sur l’activation et l’amendement du décret 116, les directeurs des entreprises de presse indépendantes ont évoqué certains articles dont l’article 29 qui autorise la Haica à ordonner la suspension temporaire ou le retrait définitif de la licence à un organisme de radio ou de télé, en cas de dépassements graves ou violation de la loi. De son côté, notre syndicat  a également relevé des articles qui devraient être, selon nous, amendés. Car nous estimons que l’Ugtt n’est pas assez représentée au sein de la Haica. Sans compter les pouvoirs considérables du président de cette autorité. Une réunion entre les représentants des syndicats des médias et l’Inric devrait avoir lieu, mardi prochain, afin de proposer un recensement des articles à amender. Une autre réunion est prévue avec le président de la République, jeudi prochain, afin de lui proposer les articles qui devraient être amendés».

Haica — Nouveau round de concertation

Des principes partagés

 • Une synthèse des amendements sera soumise lundi prochain au président de la République provisoire

Un nouveau round de concertations à propos du décret-loi 116 et portant sur la mise en place de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) a eu lieu hier à Tunis.
Cette rencontre intervient suite à une séance de concertations présidée par Dr Moncef Marzouki, qui s’est déroulée samedi dernier au Palais de Carthage.
Celle-ci a regroupé les représentants de la Présidence de la République, de l’Inric et des syndicats d’entreprises de presse publiques et privées, du Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt), du Syndicat général de la culture et de l’information, ainsi que l’Association des directeurs de journaux.
Afin d’en savoir plus sur l’évolution et la teneur des négociations, nous avons approché trois parties prenantes. Eclairage.
Aymen Rezgui, représentant du Snjt, est optimiste: «La concertation s’est déroulée dans un esprit de consensus. Toutes les parties ont convenu de l’amendement des articles 29 et 30 en particulier.
Le premier concerne la suspension temporaire ou le retrait définitif de la licence par la Haica à un organisme de radio ou de télévision en cas de dépassements graves ou de violation de la loi. Or la nouvelle disposition sur laquelle nous nous sommes entendus stipule que l’interruption ou le retrait de la licence à un média audiovisuel doit se faire sur décision du Tribunal administratif».
Les participants à la réunion se sont, également, entendus pour apporter quelques restrictions au pouvoir du président de la Haica prévu par l’article 30.
Pour sa part, Hichem Snoussi, représentant de la Haica, affirme que toutes les remarques faites par les patrons des entreprises de presse et de médias audiovisuels ont été consignées par l’Instance nationale de la réforme de l’information et de la communication (Inric). «Certaines ne sont pas compatibles avec les critères internationaux, poursuit notre interlocuteur, mais nous avons demandé le report de la réunion prévue demain avec le président de la République afin que chaque partie puisse consulter ses experts pour une éventuelle décision définitive. Ce qui est sûr, c’est que nous tenons à l’indépendance de la Haica et à l’activation du décret-loi 116 afin de combler le vide juridique dont certains ont profité pour créer des chaînes de radio aux fréquences piratées et autres télés sans répondre à un cahier des charges aux règles claires et précises, échappant  ainsi à la loi. Vous voyez que les plus grands perdants dans l’absence d’organisation et de régulation sont les patrons de médias audiovisuels eux-mêmes. Ce qui nous rend optimiste, c’est que la volonté politique d’activation du décret-loi 116 existe et est incarnée par le président de la République lui-même».
De son côté, enfin, Kaïs Ben Mrad, représentant de l’Association des directeurs de journaux, relève qu’il y a eu d’abord un consensus sur le principe de soutien à la liberté de la presse. Il souligne, par ailleurs, que «l’autre principe partagé par tous concerne le non-retrait définitif de la licence d’un média audiovisuel, c’est pourquoi il a été proposé d’identifier des cas extrêmes pour la suspension, par exemple, l’incitation à la haine entre les personnes ou des groupes de personnes. Le retrait de la licence ne pouvant se faire qu’en cas de récidive».
En ce qui concerne l’article 30, les participants ont proposé que les pouvoirs de décision ne soient pas entre les seules mains du président de la Haica, mais qu’ils relèvent de la responsabilité de l’ensemble de la structure. Concernant l’article 23 qui a trait au financement de la Haica, il a été proposé qu’il soit assuré par le gouvernement. «Il y va de la crédibilité de cette structure qui ne devrait pas obéir à des financements privés», certifie K. Ben Mrad.
Toutes les parties ont décidé de consulter leurs experts et de tenir une deuxième réunion de concertation vendredi prochain. C’est le lundi 19 novembre qu’une synthèse des amendements apportés aux articles objet de divergences sera présentée au président de la République provisoire.
S.D.

 RETROVISION DU 4 NOVEMBRE

De la violence encore !

Les images vues dans l’une des vidéos diffusées sur les télés et les réseaux sociaux sont dramatiques, une nuit et un décor glauques, des bruits de tirs de balle, des flammes d’une incendie montent au ciel, consumant une voiture stationnée devant le poste de police, une voix lointaine hurle : «El Djihad, El Djihad,  les portes du paradis sont ouvertes… ». On se croirait en Afghanistan, la rue est déserte, seul un policier se trouve dans le champ, il s’avance vers les flammes…Le feu brûlant de la violence semble se répandre un peu partout dans le pays. C’était le mardi 30 octobre quand depuis l’après midi des salafistes ont attaqué deux postes de la garde nationale à Douar Hicher pour libérer l’un des leurs le dénommé Saddem arrêté à Jendouba pour avoir agressé le Commandant de la garde nationale Wissem Ben Sliman. Bilan : 2 salafistes tués et 2 blessés parmi les agents de l’ordre. Voilà que des jeunes meurent et que des agents de l’ordre sont gravement blessés en raison du laxisme qui a prévalu face à la violence de ces groupes extrémistes que ce soit à Kairouan, Sejnane, Bizerte, El Abdellia-la Marsa ou devant l’ambassade des Etats Unis et nous en passons.
Aujourd’hui que le jeu se corse et devient encore plus violent, plus dangereux, puisque un officier de la garde nationale évoque le stockage d’armes par les salafistes à la mosquée Nour de Daouar Hicher, les forces de l’ordre semblent vouloir prendre le taureaux par les cornes et en finir avec tous ceux qui veulent s’attaquer ou se substituer à eux en érigeant une police parallèle. Ainsi, ont-ils observé une grève d’une heure, le jeudi dernier, demandant que le ministère de tutelle prenne toutes les dispositions légales afin que les forces de sécurité soient protégées lors de l’accomplissement de leur tâche. Mais il n’y a pas que la police salafiste, il y a ces Ligues de protection de la Révolution qui sévissent, s’érigent en justiciers, usent de violence outrancière allant jusqu’à causer la mort du citoyen, Lotfi Nagdh, pour des raisons partisanes. Or, ces Ligues n’ont aucune raison d’être, la légitimité étant détenue par les élus de l’Assemblée constituante. Pour éviter tous ces débordements et actes de violences dramatiques, pour la plupart restées impunis, les forces de sécurité devraient jouer leur rôle de police républicaine au service du peuple et non des partis de quelque couleur qu’ils soit. Mais il faut dire aussi que la police n’est pas toujours vu d’un bon œil par les citoyens car à leurs  yeux elle représente un instrument de répression, voire de torture pour certains. Ce n’est qu’en créant d’autres rapports avec les citoyens, en tenant compte des droits de l’Homme que cette image pourra changer de manière positive et réconcilier, enfin, la police avec la majorité du peuple.

dimanche 11 novembre 2012

Dossier sur l'Assassinat d'Abou Jihad à Tunis


Chronique d'un crime d'Etat annoncé

Par l’entremise d’une interview posthume de l’un des agents du Mossad, responsable de l’assassinat d’Abou Jihad en avril 1988 et publiée le 1er novembre dans le journal Yediot Aharonot, Israël reconnaît officiellement pour la première fois sa responsabilité dans l’élimination du leader de l’OLP. L’information fait dix fois le tour du monde ! L’Etat d’Israël adresse-t-il à travers cet article un message ou plutôt une menace à ses ennemis actuels ? En tout cas, les réactions en Tunisie, qui a vu, à travers ce crime politique, son territoire violé et ses hôtes agressés jusqu’à chez eux ne se sont pas trop fait attendre. Le 5 novembre, Maître Abderraouf Ayadi, président du mouvement Wafa, a annoncé la décision de son parti de poursuivre en justice, Israël et les… complices tunisiens de cet attentat. Quatre jours après, Abdelwahab El Hani, président du parti Al Majd, appelait dans une conférence de presse l’Etat tunisien à saisir de nouveau les Nations unies de cette affaire. «Plus jamais peur d’Israël», clame Maître Slah Ben Abid. Notre dossier.
La nuit du 15 au 16 avril 1988, le Mossad perpétrait sur le sol tunisien un assassinat politique contre Abou Jihad, le numéro deux de l’OLP et l’artisan de la première Intifada. Reconstitution in situ d’un assassinat, commandé par le Premier ministre israélien de l’époque 

Arrivés sur le point culminant de la verdoyante colline de Sidi Dhrif dans les parages de l’ancien palais présidentiel, la Mercedes noire conduite par un ex-diplomate palestinien, un des leaders de l’OLP en ces années 80, s’arrête net. La vue plongeante donne sur les quartiers immaculés  en bas du village de Sidi Bou Saïd. Notre guide pointe du doigt une villa de taille moyenne reconnaissable à sa ganariya (moucharabieh) bleue : « C’était la résidence d’Abou Jihad. Avec une clôture moins élevée et un urbanisme tout autour moins dense, à  l’époque elle était encore plus visible à partir de cet endroit. Personne n’aurait pu empêcher les agents du Mossad déguisés en couples  d’épier aisément les faits et gestes des membres de la famille du bras droit de Yasser Arafat».
Des promeneurs du sans souci nous dépassent. Depuis la fuite de Ben Ali le 14 janvier 2011, la colline n’est plus quadrillée par les hommes de sa sécurité rapprochée. En 1988 également, le lieu était libre de tout contrôle policier, l’ex-président n’avait encore pas entamé les travaux de construction de son palais de Sidi Dhrif.