RETROVISION DU 4 NOVEMBRE
De la violence encore !
Les images vues dans l’une des vidéos diffusées sur les
télés et les réseaux sociaux sont dramatiques, une nuit et un décor glauques,
des bruits de tirs de balle, des flammes d’une incendie montent au ciel, consumant
une voiture stationnée devant le poste de police, une voix lointaine
hurle : «El Djihad, El Djihad, les portes du paradis sont ouvertes… ».
On se croirait en Afghanistan, la rue est déserte, seul un policier se trouve dans
le champ, il s’avance vers les flammes…Le feu brûlant de la violence semble se
répandre un peu partout dans le pays. C’était le mardi 30 octobre quand depuis l’après
midi des salafistes ont attaqué deux postes de la garde nationale à Douar
Hicher pour libérer l’un des leurs le dénommé Saddem arrêté à Jendouba pour
avoir agressé le Commandant de la garde nationale Wissem Ben Sliman. Bilan : 2
salafistes tués et 2 blessés parmi les agents de l’ordre. Voilà que des jeunes
meurent et que des agents de l’ordre sont gravement blessés en raison du
laxisme qui a prévalu face à la violence de ces groupes extrémistes que ce soit
à Kairouan, Sejnane, Bizerte, El Abdellia-la Marsa ou devant l’ambassade des
Etats Unis et nous en passons.
Aujourd’hui que le jeu se corse et devient encore plus
violent, plus dangereux, puisque un officier de la garde nationale évoque le stockage
d’armes par les salafistes à la mosquée Nour de Daouar Hicher, les forces de
l’ordre semblent vouloir prendre le taureaux par les cornes et en finir avec
tous ceux qui veulent s’attaquer ou se substituer à eux en érigeant une police
parallèle. Ainsi, ont-ils observé une grève d’une heure, le jeudi dernier, demandant
que le ministère de tutelle prenne toutes les dispositions légales afin que les
forces de sécurité soient protégées lors de l’accomplissement de leur tâche. Mais il
n’y a pas que la police salafiste, il y a ces Ligues de protection de la
Révolution qui sévissent, s’érigent en justiciers, usent de violence
outrancière allant jusqu’à causer la mort du citoyen, Lotfi Nagdh, pour des
raisons partisanes. Or, ces Ligues n’ont aucune raison d’être, la légitimité étant
détenue par les élus de l’Assemblée constituante. Pour éviter tous ces
débordements et actes de violences dramatiques, pour la plupart restées impunis, les forces de sécurité devraient jouer leur rôle de police républicaine au
service du peuple et non des partis de quelque couleur qu’ils soit. Mais il faut
dire aussi que la police n’est pas toujours vu d’un bon œil par les citoyens car à leurs yeux elle représente un instrument de répression, voire de
torture pour certains. Ce n’est qu’en créant d’autres rapports avec les citoyens, en tenant
compte des droits de l’Homme que cette image pourra
changer de manière positive et réconcilier, enfin, la police avec la majorité du peuple.
Critique excessive dites-vous ?
Tout le monde parle de la critique excessive à l’encontre
des membres du gouvernement que ce soit dans les débats ou dans les sketches
humoristiques et autres programmes façon «guignols». Le chanteur Faouzi Ben
Gamra venu présenter dans l’émission Labbés sur Ettounssia le clip très
ordinaire, Houa Rassoulou Allah, concocté, sur le tard, comme une
réplique aux attaques contre le prophète Mohamed, a estimé «que la saynète
présentée par le duo Hamraoui et Lahdhiri est fade et insipide, d’ailleurs les
satires et sarcasmes dont sont « victimes »le président et les
membres du gouvernement sont exagérés et inadmissibles ». Et d’asséner
au final : «C’en est trop, on n’est pas habitué à tout ça».
Il est vrai que le chanteur et ex-danseur, était habitué à louer non pas le
prophète mais «l’artisan du changement ». Il voudrait peut-être que
l’esprit courtisan et laudateur continue de plus belle avec «les nouveaux
maîtres». Ce spécialiste des revirements à 180 degrés a changé son fusil
d’épaule : de la chanson profane, «le mezoued» il est passé, sans crier
gare, à la chanson religieuse. Un nouveau fonds de commerce dans l’air du
temps, pour certains.
Mais ce qui est ennuyeux dans tout ça, c’est que tout ce
beau monde condamne l’excès d’humour, la satire ou même un jeu de mot contre
les gouvernants, à preuve le tollé provoqué par les propos de l’acteur Lotfi
Abdelli à l’adresse de Samir Dilou, ministre des Droits de l’homme dans Bila
Moujamala, sur Hannibal-TV. Cela à tel point que l’acteur a posté une vidéo
sur les réseaux sociaux où il affirme n'avoir en aucun cas fait un geste
indécent envers le ministre, ce que laisse entendre le montage et le bip couvrant
ses propos. Selon lui, il ne s’agissait que d’un jeu de mots. L’acteur a
dénoncé le montage exécuté dans le but de faire un tapage et de créer le buzz. Il
a enfin demandé aux protagonistes de l’émission et au ministre de dire la
vérité.
Le jeu de mot de Lotfi Abdelli fait-il partie de ce que l'on
appelle "l’humour excessif" ? Or, que veut-on dire par «critique ou
humour excessif» sinon un refus de la liberté d’expression et de création
et un retour au politiquement correct, à la langue de bois, autrement dit à
l’autocensure qui a caractérisé l’ère révolue.
S.D.
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