vendredi 16 novembre 2012


 RETROVISION DU 4 NOVEMBRE

De la violence encore !

Les images vues dans l’une des vidéos diffusées sur les télés et les réseaux sociaux sont dramatiques, une nuit et un décor glauques, des bruits de tirs de balle, des flammes d’une incendie montent au ciel, consumant une voiture stationnée devant le poste de police, une voix lointaine hurle : «El Djihad, El Djihad,  les portes du paradis sont ouvertes… ». On se croirait en Afghanistan, la rue est déserte, seul un policier se trouve dans le champ, il s’avance vers les flammes…Le feu brûlant de la violence semble se répandre un peu partout dans le pays. C’était le mardi 30 octobre quand depuis l’après midi des salafistes ont attaqué deux postes de la garde nationale à Douar Hicher pour libérer l’un des leurs le dénommé Saddem arrêté à Jendouba pour avoir agressé le Commandant de la garde nationale Wissem Ben Sliman. Bilan : 2 salafistes tués et 2 blessés parmi les agents de l’ordre. Voilà que des jeunes meurent et que des agents de l’ordre sont gravement blessés en raison du laxisme qui a prévalu face à la violence de ces groupes extrémistes que ce soit à Kairouan, Sejnane, Bizerte, El Abdellia-la Marsa ou devant l’ambassade des Etats Unis et nous en passons.
Aujourd’hui que le jeu se corse et devient encore plus violent, plus dangereux, puisque un officier de la garde nationale évoque le stockage d’armes par les salafistes à la mosquée Nour de Daouar Hicher, les forces de l’ordre semblent vouloir prendre le taureaux par les cornes et en finir avec tous ceux qui veulent s’attaquer ou se substituer à eux en érigeant une police parallèle. Ainsi, ont-ils observé une grève d’une heure, le jeudi dernier, demandant que le ministère de tutelle prenne toutes les dispositions légales afin que les forces de sécurité soient protégées lors de l’accomplissement de leur tâche. Mais il n’y a pas que la police salafiste, il y a ces Ligues de protection de la Révolution qui sévissent, s’érigent en justiciers, usent de violence outrancière allant jusqu’à causer la mort du citoyen, Lotfi Nagdh, pour des raisons partisanes. Or, ces Ligues n’ont aucune raison d’être, la légitimité étant détenue par les élus de l’Assemblée constituante. Pour éviter tous ces débordements et actes de violences dramatiques, pour la plupart restées impunis, les forces de sécurité devraient jouer leur rôle de police républicaine au service du peuple et non des partis de quelque couleur qu’ils soit. Mais il faut dire aussi que la police n’est pas toujours vu d’un bon œil par les citoyens car à leurs  yeux elle représente un instrument de répression, voire de torture pour certains. Ce n’est qu’en créant d’autres rapports avec les citoyens, en tenant compte des droits de l’Homme que cette image pourra changer de manière positive et réconcilier, enfin, la police avec la majorité du peuple.



Critique excessive dites-vous ?

Tout le monde parle de la critique excessive à l’encontre des membres du gouvernement que ce soit dans les débats ou dans les sketches humoristiques et autres programmes façon «guignols». Le chanteur Faouzi Ben Gamra venu présenter dans l’émission Labbés sur Ettounssia le clip très ordinaire, Houa Rassoulou Allah, concocté, sur le tard, comme une réplique aux attaques contre le prophète Mohamed, a estimé «que la saynète présentée par le duo Hamraoui et Lahdhiri est fade et insipide, d’ailleurs les satires et sarcasmes dont sont « victimes »le président et les membres du gouvernement sont exagérés et inadmissibles ». Et d’asséner au final : «C’en est trop, on n’est pas habitué à tout ça». Il est vrai que le chanteur et ex-danseur, était habitué à louer non pas le prophète mais «l’artisan du changement ». Il voudrait peut-être que l’esprit courtisan et laudateur continue de plus belle avec «les nouveaux maîtres». Ce spécialiste des revirements à 180 degrés a changé son fusil d’épaule : de la chanson profane, «le mezoued» il est passé, sans crier gare, à la chanson religieuse. Un nouveau fonds de commerce dans l’air du temps, pour certains.
Mais ce qui est ennuyeux dans tout ça, c’est que tout ce beau monde condamne l’excès d’humour, la satire ou même un jeu de mot contre les gouvernants, à preuve le tollé provoqué par les propos de l’acteur Lotfi Abdelli à l’adresse de Samir Dilou, ministre des Droits de l’homme dans Bila Moujamala, sur Hannibal-TV. Cela à tel point que l’acteur a posté une vidéo sur les réseaux sociaux où il affirme n'avoir en aucun cas fait un geste indécent envers le ministre, ce que laisse entendre le montage et le bip couvrant ses propos. Selon lui, il ne s’agissait que d’un jeu de mots. L’acteur a dénoncé le montage exécuté dans le but de faire un tapage et de créer le buzz. Il a enfin demandé aux protagonistes de l’émission et au ministre de dire la vérité.
Le jeu de mot de Lotfi Abdelli fait-il partie de ce que l'on appelle "l’humour excessif" ? Or, que veut-on dire par «critique ou humour excessif» sinon un refus de la liberté d’expression et de création et un retour au politiquement correct, à la langue de bois, autrement dit à l’autocensure qui a caractérisé l’ère révolue.
S.D.

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