samedi 24 novembre 2012

ATTOUNSSIA-Affaire de l'interview de Slim Chiboub


Le tribunal de première instance de Tunis prononce un non lieu

Diffusion de l’émission ce soir

Dans un jugement rendu public, hier, le juge en référé près le Tribunal de première instance de Tunis a prononcé un non-lieu dans l’affaire de l’interview de Slim Chiboub intentée, jeudi, par le chargé du contentieux de l’Etat. Cette plainte visait l’interdiction de la diffusion sur la chaîne de télé «Attounssia» et sur toutes les autres chaînes tunisiennes, pour une durée indéterminée, l’interview du gendre de Ben Ali, réalisée par l’animateur et producteur Moëz Ben Gharbia, et enregistrée aux Emirats Arabes Unis, à Abou Dhabi.
En vertu de ce jugement, la diffusion de l’interview est autorisée : «Attounssia a désormais le droit de diffuser l’interview sans aucun obstacle», a déclaré Moëz Ben Gharbia à ce propos.
Contacté, un responsable d’Attounssia a déclaré à La Presse que l’interview de Slim Chiboub sera diffusée sur «Attounssia» ce soir en deuxième partie de soirée.
Et d’ajouter : «Maître Béchir Essid a fait un plaidoyer d’une heure. C’est la liberté de la presse qui a triomphé». Rappelons que la diffusion de cet entretien était prévue, jeudi soir, dans l’émission «Attassiaâ Massa» (9 heures du soir) avant d’être interdite par le Tribunal de première instance de l’Ariana, à la demande du chargé du contentieux de l’Etat.
Ce que Néjiba Hamrouni, présidente du Snjt (Syndicat national des journalistes tunisiens), a qualifié de «grave précédent». Pour sa part, le chef du gouvernement Hamadi Jebali a justifié cette requête, jeudi soir, estimant, selon l’Agence officielle TAP, que cette interview «était un prélude à une normalisation planifiée des symboles de l’ancien régime». Et d’ajouter : «Nous ne tolérerons pas ce plan machiavélique».
Interrogé, hier, de son côté par La Presse, Samir Taïeb, constituant d’El Massar, a déclaré : «Heureusement que le juge est intervenu pour arrêter cette mascarade qui préfigurait un retour à la censure et un coup dur à la liberté d’information et de la presse. Car on ne peut  juger un contenu qui n’a pas encore été diffusé. On ne peut interdire une émission avant son passage. On peut porter plainte s’il y a des dépassements, infractions à la loi ou aux règles de la déontologie. La justice transitionnelle a pris beaucoup de retard, on doit ouvrir les dossiers pour effectuer les jugements puis la réconciliation. D’autre part, si la Haute autorité indépendance de la communication audiovisuelle (Haica) avait été mise en place plus tôt, toute cette affaire n’aurait pas eu lieu et ce serait à elle d’en juger et non pas au gouvernement et à l’Etat qui sont juge et partie. «En tout cas, c’est une bonne chose que le juge ait débouté la partie plaignante et donné raison à Attounssia».
Enfin, de son côté, Moëz Ben Gharbia a déploré cette interdiction, soulignant que «l’interview de Chiboub va dans le sens de la justice transitionnelle», d’autant que l’interviewé a déclaré être prêt à retourner au pays et à se rendre à la justice tunisienne. Mieux, il a reconnu avoir profité du système de l’ancien régime.
Ventilée en deux parties, l’émission comprend d’abord l’interview avec le gendre du président déchu qui, rappelons-le, a fui le pays lors de la révolution et se trouve sous le coup de plusieurs procédures judiciaires et dont les biens en Tunisie ont été saisis.
La deuxième partie comprend, ensuite, un direct avec Slim Chiboub qui répondra aux questions des téléspectateurs.
Voilà une affaire «qui a suscité une vive controverse sur les réseaux sociaux et sur la scène politique entre partisans de la diffusion de l’interview au nom de la liberté d’expression et opposants à sa diffusion, invoquant les dangers de la banalisation des tribunes offertes aux symboles de la corruption». Le débat reste ouvert.
Samira DAMI

2 commentaires:

  1. Quand j'entends Chiboub dans le spot passé sur youtube et les réseaux sociaux, terminer par un "ana miy akkid anni ma dharrit had", je suis persuadée qu'il est sur qu'il sera jugé innocent comme les autres (zouari,toukari, kallal etc.... Les autres fugitifs ne suivront-ils pas son stratège???? Qui garantit?
    La liberté d'expression, oui, mais c'est après le jugement qu'il devrait passer pas avant. Il y a dans cette diffusion, une tentative d'influencer l'opinion publique et surtout, un stratagème pas innocent malicieux qui joue sur les sentiments des tunisiens qui ne veulent plus entendre parler de censure et qui, bien sûr font tout pour défendre le seul acquis de la révolution: la liberté d'expression.

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  2. Je suis parfaitement d'accord,quoique qu'il s'agit d'un papier d'information objectif où toutes les parties concernées interviennent et non pas d'un commentaire.Mais le hic c'est qu'il n'y a aucune loi qui empêche un journaliste de faire une interview avec quiconque serait-il même un fugitif. Des journalistes français ont fait des interviews avec le "terroriste" Carlos, quand il était en fuite et n'ont eu aucun problème et ont pu protéger leur source sans avoir des ennuis judiciaires ou autres. Décider d'interdire un article ou une émission avant sa parution ou sa diffusion n'est autre que de la censure. Justement si le gouvernement avait rapidement activé le décret-loi 116 et mis en place la HAICA (Haute autorité indépendante de la communication et de l'audiovisuel)comme l'a demandé avec insistance toute la profession on n'en serait pas là.

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