samedi 24 novembre 2012

Report de Manmoutech de Nouri Bouzid


Les vraies raisons

Une projection plus que probable pour le 23 novembre

Manmoutech ou Beautés cachées de Nouri Bouzid serait-il programmé de nouveau? On verra bien. Mais remontons les faits tout d’abord: programmé en compétition de la 24e édition des JCC, ce long métrage n’a pu être découvert par le public, venu nombreux, lors de la séance prévue samedi dernier à 18h00 au Colisée. C’est que la projection a été «annulée pour des raisons techniques», a expliqué le réalisateur aussi bien sur scène que sur les marches: «Il s’agit d’un problème d’incompatibilité entre le support et la machine de projection». Et d’ajouter dépité «On ne peut pas toucher le laboratoire parce que c’est le week-end...». Puis de conclure : «Le film s’intitule Manmoutech, mais moi je meurs». Qui est responsable de cette annulation et pourquoi ? Dans le flou qui dominait, plusieurs spectateurs déçus et furieux, surtout après plus d’une demi-heure d’attente, ont rejeté la faute sur l’organisation et déploré qu’une telle chose arrive après 48 ans d’expérience des JCC. D’autres qui ont cru qu’il s’agissait d’une annulation définitive du film, l’ont même imputé à «la censure et aux mains de l’ombre ». Bref, le public, désappointé, a dû rebrousser chemin, espérant une nouvelle programmation du film.
 Pour en savoir plus sur les tenants et aboutissants de cette annulation, nous avons contacté et donné la parole à plusieurs parties. Nouri Bouzid, en premier lieu, qui, franchement, n’a pas été avare en explications: «La copie de projection est en DCP (Digital Cinéma Package), un moyen efficace contre  le piratage et autres formes d’abus. Donc, pour que le film soit projeté, il faut que l’exploitant de la salle communique au laboratoire les références  et codes du serveur et de l’appareil de projection DCP, afin qu’il donne accès au film à distance pour un appareil précis et  une durée précise, du 17 au 26 novembre. Cela a été le cas au festival d’Abou Dhabi, sans aucun problème. On a essayé la copie la veille au Mondial, cela n’a pas marché, mais on espérait que ça marcherait le lendemain au Colisée. En vain».
Certaines sources avancent même qu’il existe, en fait, un différend entre le producteur tunisien (CTV-Services) et le coproducteur français (Nouveau Regard) d’où le problème d’accès au film. Interrogé, l’auteur-réalisateur de l’Homme de Cendres a répliqué sec : «Seul  le laboratoire possède  le code qui est secret et peut, donc, donner accès au film. Concernant le supposé différend avec le coproducteur français, ce qui est faux, je vous informe qu’au contraire, c’est bien le coproducteur français qui a demandé au Big Boss du laboratoire d’ouvrir l’accès au film seulement aux festivals d’Abou Dhabi et des JCC, dans l’attente du festival de Berlin qu’on brigue. C’est plutôt le distributeur français MK2 qui a sacrifié le film, parce que nous avons, Abdelaziz Ben Mlouka et moi, refusé d’aller   à Haïfa».
De son côté, Lassaâd Gobantini, directeur de la salle Le Colisée, est catégorique : «Le DCP s’ouvre avec un fichier électronique, autorisant la diffusion du film, appelé  KDM (Key Delivery Message) et sans KDM valide, réalisé pour un serveur donné, il est impossible de lancer un long métrage numérique. Or, la date de validité du KDM présenté pour la projection de Manmoutech est périmée, car le serveur affichait ‘‘Delated’’, autrement dit ‘‘Empêchement’’».
Nous avons, enfin, approché un membre du comité directeur des JCC qui nous a confié que la panne n’est pas due à la logistique des JCC ou à l’équipement des salles, mais à la clé KDM qui ne permettait pas la lecture du film. «A preuve, ajoute notre source, plusieurs films de la compétition, marocain, libanais, algérien et d’autres nationalités, ont été projetés en DCP au Colisée, au Mondial et ailleurs, sans aucun problème. Dire ou faire croire que les JCC sont responsables de ce problème technique est faux et inconcevable. Nous attendons, maintenant, qu’une nouvelle copie du film nous parvienne afin de le reprogrammer». Aux dernières nouvelles, il semble, selon le réalisateur, qu’une solution a été trouvée : «Pour sauver la situation, les deux coproducteurs se sont mis d’accord pour amener deux copies, l’une avec code et l’autre sans (free). Ainsi, une projection est plus que probable le 23 novembre». Espérons et wait and see.

Samira DAMI

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