Retro 25 novembre
Halte à l’agression des élus du peuple !
Honteuse est la séquence ou l’on voit le Constituant Mourad
Amdouni un des élus du peuple violenté par les forces de l’ordre, lors de la
marche de protestation, organisée le jeudi 15 novembre à Tunis, contre l’agression
meurtrière menée par Israël contre Gaza. Cela parce qu’il a voulu s’interposer
entre les manifestants regroupés à la
place Mohamed Ali et les agents de l’ordre. Traiter, ainsi, un des
représentants du peuple, c’est en fait agresser symboliquement ce même peuple
et montrer un total mépris à son encontre.
Dans la foulée des agressions contre les acteurs de la société
civile, les artistes, journalistes, universitaires et autres intellectuels voilà
que les brigades d’interventions s’en prennent à un député. A vrai dire ce qui
est grave, c’est que de telles images de d’élus agressés et malmenés, que ce soit
par des policiers ou des partisans de divers courants ou partis politiques,
commencent à se banaliser sous nos cieux. N’a-t-on pas vu Brahim Gassas frappé par
un groupe d’excités sans que la police n’intervienne !
Pareils comportements et agissements sont pratiquement
inexistants dans les vraies démocraties. Or, si de telles agressions et une
telle violence sont de plus en plus fréquentes dans nos murs c’est que quelque
chose ne tourne pas rond dans le processus démocratique. Certaines parties ne
l’ayant pas encore intériorisé ou le refusent carrément. Quoi qu’il en soit,
voir des représentants du peuple et autres hommes politiques ou de culture outragés
est un signe de sous développement exprimant un retour aux réflexes
dictatoriaux d’antan.
Ces images folkloriques à bannir
Les images de troupes folkloriques décharnées et réduites,
maniant instruments de percussion (Tbal) et à vent (Zokra) pour animer en
musique l’inauguration d’une manifestation politique, culturelle ou étaient légion au temps de l’ancien régime. Ce
qui assignait au folklore une fonction dévalorisante utilisée à des fins
laudative et propagandiste.
Après la chute de la dictature on a cru que ce genre de
spectacle dépréciatif faisait partie du passé et était, désormais, révolu, mais
non. Puisqu’à l’occasion de l’inauguration de la foire du livre ces anciens
reflexes ont réapparus refaisant surface : les journaux télévisés ayant
montré des séquences du président et des membres du gouvernement accueillis au
rythme de notes musicales folkloriques. Voilà qui nous renvoie à des images
et poncifs d’autant plus désuets et
obsolètes qu’il s’agit de livres, de littérature et d’esprit. Or, même du temps
du régime déchu on n’a pas fait appel à de telles troupes pour inaugurer fêter
le meilleur ami de l’homme, le livre. Mais, il est vrai que l’administration a pris
le pli et qu’elle a besoin d’un reformatage et d’une mise à jour de son
logiciel afin qu’elle soit en phase et au niveau de l’ère postrévolutionnaire.
Les JCC dans
l’objectif
Haro sur les JCC 2012. La plupart des chaînes de télé ont
braqué leur projecteur sur cette 24ième édition. La plupart des
émissions s’étant penchées plutôt sur la forme, soit l’organisation, que sur le
fond. Evoquer les problèmes et les failles de l’organisation est légitime mais
de là à en faire un feuilleton, en jouant sur le sensationnel, c’en est trop.
Pourtant cette session s’est caractérisée par un florilège de films, entre
documentaires et fictions, courts et longs métrages, de tous horizons, d’une
qualité indéniable. Et les satellitaires auraient gagné à présenter, analyser
et interroger ces films, en compétition, en leur consacrant des plateaux réunissant
les principaux protagonistes, ainsi que des professionnels, des journalistes et
des critiques. Or, dans ces spéciales sur les JCC on se contente le plus
souvent de la réaction de quelques spectateurs ou de protagonistes sans vrais échanges ni feed-back critique.
La couverture des JCC par Tunisia World Télévision (TWT) est
un modèle du genre. Farès, l’animateur attitré de la spéciale JCC nous a servi
un reportage sur la soirée d’ouverture de la manifestation, en passant en
revue, en long, en large et en marge, les couacs et failles de l’organisation.
Cela avec force images et témoignages sur les débordements du public et le désordre qui a régné à l’entrée de la
salle où chaque groupe manifestait pour une cause : celle de la Palestine,
celle des «Zwawla», ce groupe de Tagueurs qui taguent les murs et dont quelques
membres sont actuellement en prison et vont être jugés, tenez vous bien, pour
quelques graffitis sensibilisant les passants aux droits des pauvres, d’où le
nom du groupe, ou encore celle des intermittents du spectacle que sont les
techniciens, etc. A Mohamed Zran, réalisateur de Dégage, film
documentaire, ayant ouvert la présente session, et qui, au-delà de la première
demi heure sombre dans la redondance et la redite dans une forme façon
reportage télévisé sans créativité aucune, le présentateur a posé la bonne
question qui suit : «votre film n’est-il pas dépassé par les
événements étant donné que la solidarité d’avant la révolution s’est évaporée
après la chute de la dictature et les élections du 23 octobre».
L’affaire du report
du film Manmoutech de Nouri Bouzid, est également monté en épingle, le
reporter lui consacrant toute une spéciale où il donnr la parole aux spectateurs,
certains parlant de «sabotage pour des raisons politiques» (sic) d’autres,
telle l’actrice du film Souhir exprima «sa
déception et son dégout» (resic), faisant porter le chapeau aux
organisateurs des JCC. Le réalisateur, lui, a évoqué «l’incompatibilité entre le support et le
matériel de projection», puis avoua : « je ne sais pas trop,
on a testé la copie à plusieurs reprises, depuis la veille. En
vain», mais il n’a jamais évoqué, en tout cas à chaud, des raisons
politiques à ce report. Le public qui ne semble pas y comprendre grand-chose
accuse l’organisation de tous les maux. Enfin, une dame parla de «code périmé
d’où l’impossibilité de projeter le film». Une tempête dans un verre d’eau,
en somme, mais le coup est parti et le buzz assuré et c’est tant mieux pour le film. Sur
Hannibal-TV on a même vu toute une spéciale consacrée à des témoignages de
professionnels, d’ici et d’ailleurs, répondant à une question du genre «Etes-vous
d’accord sur la nouvelle appellation des JCC : les Journées
Catastrophiques de Carthage que quelques mécontents ont imaginés ? »
Au final, disons qu’il est vraiment étonnant qu’aucune
chaîne n’ait consacré des émissions de fond, entre dossier et débat, aux vrais
problèmes des cinémas arabes et africains,
cela en agitant un thème intéressant et capital, comme le font certaines télés,
ailleurs, à l’occasion de grandes manifestations cinématographiques . Mais il est
vrai que cela demande préparation, réflexion et travail. Mais, il semble, à
priori, que du côté des télés locales on est plus enclin à privilégier la
facilité et la légèreté que la qualité et le sens.
S.D.
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