mardi 27 novembre 2012


Retro 25 novembre

Halte à l’agression des élus du peuple !
Honteuse est la séquence ou l’on voit le Constituant Mourad Amdouni un des élus du peuple violenté par les forces de l’ordre, lors de la marche de protestation, organisée le jeudi 15 novembre à Tunis, contre l’agression meurtrière menée par Israël contre Gaza. Cela parce qu’il a voulu s’interposer entre les manifestants regroupés  à la place Mohamed Ali et les agents de l’ordre. Traiter, ainsi, un des représentants du peuple, c’est en fait agresser symboliquement ce même peuple et montrer un total mépris à son encontre.
Dans la foulée des agressions contre les acteurs de la société civile, les artistes, journalistes, universitaires et autres intellectuels voilà que les brigades d’interventions s’en prennent à un député. A vrai dire ce qui est grave, c’est que de telles images de d’élus agressés et malmenés, que ce soit par des policiers ou des partisans de divers courants ou partis politiques, commencent à se banaliser sous nos cieux. N’a-t-on pas vu Brahim Gassas frappé par un groupe d’excités sans que la police n’intervienne !
Pareils comportements et agissements sont pratiquement inexistants dans les vraies démocraties. Or, si de telles agressions et une telle violence sont de plus en plus fréquentes dans nos murs c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans le processus démocratique. Certaines parties ne l’ayant pas encore intériorisé ou le refusent carrément. Quoi qu’il en soit, voir des représentants du peuple et autres hommes politiques ou de culture outragés est un signe de sous développement exprimant un retour aux réflexes dictatoriaux d’antan.

Ces images folkloriques à bannir
Les images de troupes folkloriques décharnées et réduites, maniant instruments de percussion (Tbal) et à vent (Zokra) pour animer en musique l’inauguration d’une manifestation politique, culturelle ou  étaient légion au temps de l’ancien régime. Ce qui assignait au folklore une fonction dévalorisante utilisée à des fins laudative et propagandiste.
Après la chute de la dictature on a cru que ce genre de spectacle dépréciatif faisait partie du passé et était, désormais, révolu, mais non. Puisqu’à l’occasion de l’inauguration de la foire du livre ces anciens reflexes ont réapparus refaisant surface : les journaux télévisés ayant montré des séquences du président et des membres du gouvernement accueillis au rythme de notes musicales folkloriques. Voilà qui nous renvoie à des images et  poncifs d’autant plus désuets et obsolètes qu’il s’agit de livres, de littérature et d’esprit. Or, même du temps du régime déchu on n’a pas fait appel à de telles troupes pour inaugurer fêter le meilleur ami de l’homme, le livre. Mais, il est vrai que l’administration a pris le pli et qu’elle a besoin d’un reformatage et d’une mise à jour de son logiciel afin qu’elle soit en phase et au niveau de l’ère postrévolutionnaire.

 Les JCC dans l’objectif
Haro sur les JCC 2012. La plupart des chaînes de télé ont braqué leur projecteur sur cette 24ième édition. La plupart des émissions s’étant penchées plutôt sur la forme, soit l’organisation, que sur le fond. Evoquer les problèmes et les failles de l’organisation est légitime mais de là à en faire un feuilleton, en jouant sur le sensationnel, c’en est trop. Pourtant cette session s’est caractérisée par un florilège de films, entre documentaires et fictions, courts et longs métrages, de tous horizons, d’une qualité indéniable. Et les satellitaires auraient gagné à présenter, analyser et interroger ces films, en compétition, en leur consacrant des plateaux réunissant les principaux protagonistes, ainsi que des professionnels, des journalistes et des critiques. Or, dans ces spéciales sur les JCC on se contente le plus souvent de la réaction de quelques spectateurs ou de protagonistes sans vrais  échanges ni feed-back critique.
La couverture des JCC par Tunisia World Télévision (TWT) est un modèle du genre. Farès, l’animateur attitré de la spéciale JCC nous a servi un reportage sur la soirée d’ouverture de la manifestation, en passant en revue, en long, en large et en marge, les couacs et failles de l’organisation. Cela avec force images et témoignages sur les débordements du public  et le désordre qui a régné à l’entrée de la salle où chaque groupe manifestait pour une cause : celle de la Palestine, celle des «Zwawla», ce groupe de Tagueurs qui taguent les murs et dont quelques membres sont actuellement en prison et vont être jugés, tenez vous bien, pour quelques graffitis sensibilisant les passants aux droits des pauvres, d’où le nom du groupe, ou encore celle des intermittents du spectacle que sont les techniciens, etc. A Mohamed Zran, réalisateur de Dégage, film documentaire, ayant ouvert la présente session, et qui, au-delà de la première demi heure sombre dans la redondance et la redite dans une forme façon reportage télévisé sans créativité aucune, le présentateur a posé la bonne question qui suit : «votre film n’est-il pas dépassé par les événements étant donné que la solidarité d’avant la révolution s’est évaporée après la chute de la dictature et les élections du 23 octobre».
 L’affaire du report du film Manmoutech de Nouri Bouzid, est également monté en épingle, le reporter lui consacrant toute une spéciale où il donnr la parole aux spectateurs, certains parlant de «sabotage pour des raisons politiques» (sic) d’autres, telle l’actrice du film Souhir  exprima «sa déception et son dégout» (resic), faisant porter le chapeau aux organisateurs des JCC. Le réalisateur, lui, a évoqué  «l’incompatibilité entre le support et le matériel de projection», puis avoua : « je ne sais pas trop, on a testé la copie à plusieurs reprises, depuis la veille. En vain», mais il n’a jamais évoqué, en tout cas à chaud, des raisons politiques à ce report. Le public qui ne semble pas y comprendre grand-chose accuse l’organisation de tous les maux. Enfin, une dame parla de «code périmé d’où l’impossibilité de projeter le film». Une tempête dans un verre d’eau, en somme, mais le coup est parti et le buzz  assuré et c’est tant mieux pour le film. Sur Hannibal-TV on a même vu toute une spéciale consacrée à des témoignages de professionnels, d’ici et d’ailleurs, répondant à une question du genre «Etes-vous d’accord sur la nouvelle appellation des JCC : les Journées Catastrophiques de Carthage que quelques  mécontents ont imaginés ? »
Au final, disons qu’il est vraiment étonnant qu’aucune chaîne n’ait consacré des émissions de fond, entre dossier et débat, aux vrais problèmes des cinémas  arabes et africains, cela en agitant un thème intéressant et capital, comme le font certaines télés, ailleurs, à l’occasion de grandes manifestations cinématographiques . Mais il est vrai que cela demande préparation, réflexion et travail. Mais, il semble, à priori, que du côté des télés locales on est plus enclin à privilégier la facilité et la légèreté que la qualité et le sens.
S.D.

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