vendredi 17 mai 2013

Ettounssia dans l'escarcelle de Slim Riahi


 Ettounssia, la chaîne la plus regardée du paysage audiovisuel tunisien, selon divers sondages, est tombée dans l’escarcelle de l’homme d’affaires Slim Riahi, par ailleurs fondateur et président du Parti l’Union patriotique libérale  (UPL).
Joint par téléphone, il nous a assurés, catégorique : «J’ai acheté aussi bien la fréquence que le nom de la chaîne Ettounssia. J’ai proposé aux revendeurs français de la fréquence, Jean-Marie Giffard et Pascal Piron, une offre financière plus importante que celle de l’homme d’affaires qatari pressenti avant que je ne me manifeste sur le coup».
Me Abdelaziz Essid, avocat de la chaîne Ettounssia, et l’animateur Moëz Ben Gharbia ont indiqué, lundi dernier, au cours de l’émission «Ettassiâ» que «Slim Riahi a désormais le droit de concocter et diffuser ses propres programmes, de faire sa propre campagne politique lors des prochaines élections et de promouvoir le Club Africain dont il est le président». Affichant, ainsi, leur crainte de voir un homme à triple casquette politique, sportive et médiatique à la tête d’Ettounssia et leurs appréhensions de voir  la ligne éditoriale de la chaîne changée.
Justement, Slim Riahi, qui a vu l’émission, s’étonne de ces craintes avouées et veut rassurer le personnel de la chaîne satellitaire: «J’ai été surpris par  les propos de l’animateur Moëz Ben Gharbia, car j’ai déjà eu une réunion avec les principaux journalistes et animateurs de la chaîne et on s’est  mis d’accord sur plusieurs points. Je leur ai  assuré que je ne toucherai point à la ligne éditoriale d’Ettounssia. Je  crois qu’il y a eu un malentendu, mon seul souhait n’est autre que d’alimenter en programmes les cases vides de la chaîne. Car il n’y a que six heures de programmes par jour, le reste étant constitué de rediffusion. Il manque, ainsi, 18 heures de programmes que je compte alimenter avec des journaux télévisés, du sport, des jeux, des variétés et de la fiction, un feuilleton à l’occasion de Ramadan, pour commencer. Mon but c’est de poursuivre dans la voie d’une chaîne généraliste neutre.
Quant aux campagnes politiques ou la «pub» que je pourrai faire pour mon propre parti sur Ettounssia, il est clair, à mes yeux, que la seule publicité qui compte  c’est la réussite professionnelle de la chaîne».

Trouver un terrain d’entente
Justement, comment lever cette incompréhension concernant ses intentions ? L’homme d’affaires répond : «Je compte avoir aujourd’hui une réunion d’éclaircissement avec les journalistes et animateurs pivots de la chaîne, en l’occurrence Moëz Ben Gharbia, Nawfel Ouertani, Ala Chebbi et Zouhaïr Latif. Je crois qu’on trouvera un terrain d’entente pour tout finaliser».
Interrogé sur la question de la société «Cactus-Production» et «MBC» Production de Moëz Ben Gharbia, Slim Riahi est clair : «Ces sociétés continueront à produire comme auparavant».
Voulant avoir le point de vue d’un des journalistes d’Ettounssia sur toute cette affaire nous avons contacté Zouhaïer Letaïef, producteur et concepteur des émissions Fi Essamim et Koul Jina, qui a affiché clairement son avis: «Ma condition pour travailler dans Ettounssia n’était autre que la non-intervention dans la ligne éditoriale de mes productions. Maintenant, que ce soit Slim Riahi ou X ou Y qui achète la fréquence, il n’y a rien de changé. D’ailleurs, je préfère plutôt un acheteur tunisien à un étranger.
Mais il faut comprendre qu’une chaîne de télé est une opération commerciale comme une autre. Un média privé est un produit commercial par excellence qui suppose des gains et des bénéfices. Mais si je constate un changement dans l’orientation ou la ligne éditoriale de la chaîne je me retirerai à coup sûr».
Voilà qui est bien dit, le capital est de plus en plus à l’assaut des médias audiovisuels puisqu’on parle même de l’achat, par le milliardaire saoudien Al-Walid Ibn Talal, des parts de Berlusconi ou Tarak Ben Ammar dans Nessma-TV.
Voilà qui nous pousse à réitérer, encore une fois, la nécessité et l’urgence de mettre sur pied la Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) afin d’organiser et de mettre de l’ordre dans l’ensemble du secteur audiovisuel actuellement laissé ouvert aux quatre vents.
Auteur : Samira DAMI
Ajouté le : 05-04-2013

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