vendredi 17 mai 2013


Le Syndicat national des forces de sécurité intérieure s’indigne

« Nous revendiquons droits et protection »

• 13 blessés, dont 10 agents de la Garde nationale et 3 militaires, au total
• Un mouvement de protestation des forces de sécurité demain à 10h00 devant l’ANC

Une troisième mine antipersonnel a explosé, hier, à Jebel Chaâmbi, dans le gouvernorat de Kasserine, où s’est réfugié un groupe de terroristes jihadistes et qui y est encore, faisant dix blessés, dont huit parmi les agents de la Garde nationale et deux parmi les militaires.
Si l’on ajoute les trois blessés de la journée du lundi 29 avril, cela fait un total de 13 victimes, parmi eux quatre agents de la Garde nationale grièvement blessés.
Un lourd bilan que déplore Chokri Hamada, porte-parole officiel du Syndicat national des forces de sécurité intérieure, qui ne comprend pas le laxisme des autorités et du ministère de l’Intérieur qui envoient à l’aventure des agents de la Garde nationale sans équipements appropriés, sans ambulance ni médecin pour les accompagner : «A votre avis, peut-on attaquer une montagne avec une binette ? Le crime organisé et le terrorisme ont évolué, ils ont des moyens, des techniques et un équipement modernes, alors que la police et la Garde nationale agissent avec des moyens et des techniques datant des années 80. Le chef du gouvernement, Ali Laârayedh, a affirmé dans une déclaration qu’il faut trouver des mécanismes et des moyens pour combattre le terrorisme alors que les forces de sécurité intérieure sont confrontées tous les jours à la mort et aux blessures graves, c’est vraiment honteux. Deux de nos collègues sont déjà morts et on est encore à la recherche de moyens pour contrer les terroristes. Est-il admissible que les salaires de nos collègues victimes de terroristes et de criminels, morts dans l’accomplissement de leur tâche, soient suspendus et que leurs parents ne bénéficient pas de pension ? Est-il normal que nous soyons obligés de faire une collecte afin d’acheter les médicaments dont ils ont besoin ? Voilà qui est inacceptable». Justement, dans un communiqué qui nous est parvenu hier au journal, le Syndicat national des forces de sécurité intérieure déplore le laxisme des trois présidences, de la République, de l’Assemblée nationale constituante et du gouvernement, en leur faisant endosser la responsabilité de ces drames survenus et des conditions de travail, faute de ne pas avoir placé la question de la sécurité intérieure parmi les priorités nationales, notamment en cette étape délicate que traverse le pays. Ce qui a eu un impact négatif sur l’institution sécuritaire minée par les luttes politiques, les révocations vengeresses et les nominations anarchiques des responsables de la sécurité.
«Nous avons pourtant envoyé, précise Chokri Hamada, tout au long de 2011 et 2012 de multiples correspondances aux décideurs, afin d’attirer leur attention sur la violence et le crime organisé très évolué contre les forces de sécurité, notamment à nos frontières. Mais on nous a accusés de vouloir politiser le travail syndical et on nous a traités de tous les noms».
Concernant les directives qui ne viennent pas de la part des supérieurs hiérarchiques et qui peuvent mettre en danger la vie des agents des forces de sécurité, le porte-parole est catégorique  : «Directives ou pas, nous devons accomplir notre devoir. Que voulez-vous qu’on fasse face à des terroristes qui nous menacent avec des armes ? Faut-il qu’on leur lance des fleurs ou faut-il ne pas agir ? Normalement la réponse tombe sous le sens».
C’est pourquoi dans son communiqué, le Syndicat des forces de sécurité intérieure attire l’attention des autorités et des responsables sur la faiblesse des plans sécuritaires en matière de lutte contre les extrémistes et contre les éléments du crime organisé international, notamment aux frontières.
Le Syndicat appelle, par conséquent, les décideurs à prendre conscience des lacunes et de la nécessité de n’engager que les spécialistes dans le domaine.
Quelles sont les revendications du secteur afin d’améliorer la qualité et les conditions de travail des forces de sécurité intérieure ?
«Notre rôle est d’assurer la sécurité dans le pays et de lutter contre toutes les formes de violence, d’extrémisme et de terrorisme international qui s’abritent derrière la religion pour commettre des crimes crapuleux et inhumains qui visent les forces de l’ordre et de la sécurité.
Malheureusement, ces éléments criminels et terroristes trouvent un soutien de la part de certains politiques de mouvements religieux qui ont considéré ces criminels comme des enfants du pays qui ne viennent pas d’une autre planète.
Mais en accomplissant  notre tâche, nous revendiquons également la protection et nos droits, car se peut-il que le code pénal ne consacre aucun article aux forces de sécurité».
C’est d’ailleurs dans ce sens que le syndicat a appelé à l’adoption d’une loi sur l’indemnisation des agents de sécurité en cas d’accident de travail et sur leur protection.
Le syndicat demande également la révision de la prime de risque conformément aux revendications qu’il a présentées.
A cette fin, le syndicat national des forces de sécurité appelle ses structures syndicales et sécuritaires à observer un mouvement de protestation devant l’Assemblée nationale constituante demain à 10h00.
Auteur : Samira DAMI
Ajouté le : 01-05-2013

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