mardi 7 mai 2013

Motion contre Sihem Badi : des constituantes s'indignent


 • Jusqu’à aujourd’hui, une cinquantaine de consituants et de constituantes comptent signer la motion de censure
Une cinquantaine de constituants et de constituantes à l’Assemblée nationale comptent signer une  motion de censure contre la ministre des Affaires de la femme, Sihem Badi, après le viol de la fillette de 3 ans dans un jardin d’enfants de La Marsa, le 4 mars. C’est ce que nous a indiqué Mme Najla Bourial (du bloc démocratique) qui a pris l’initiative de la signature de cette motion de censure. Elle a affirmé à La Presse  que «l’affaire du viol de la fillette n’est que la goutte qui a fait déborder le vase. En fait, ce viol n’est que le résultat de causes et d’un problème dangereux; l’existence de centaines de crèches et de jardins d’enfants qui ont pignon sur rue sans autorisation. Il y a quatre mois, la ministre a déclaré lors d’une assemblée plénière qu’elle avait connaissance de ces jardins d’enfants qui n’ont pas d’autorisation, qu’elle comptait les fermer, mais que les forces de l’ordre ne voulaient pas l’accompagner pour le faire. Or, je me demande comment depuis ce temps-là la ministre n’a pas encore trouvé de solutions alors que des enfants et des adolescents continuent à être violés puisque le dernier viol de la fillette de 3 ans n’est pas le premier du genre.
Pis, dans le centre d’hébergement des enfants à difficultés familales, 17 enfants et adolescents ont été violés en 2012. Je vous cite, pour exemple, le cas d’un garçon de dix ans qui a été violé pendant toute une année par des adolescents de 15 ans. Maintenant cet enfant a craqué et il se trouve actuellement à l’hôpital Razi, voilà comment quand on laisse faire et qu’on n’agit pas, on détruit et on démolit l’enfance. Or, face à tout ça, Sihem Badi n’a pas cru bon de créer une cellule de crise, ni de prendre des dispositions spéciales, mais le plus grave c’est qu’elle a jugé bon de fermer le centre qui accueille depuis les femmes battues et de renvoyer tous les enfants qui y étaient chez eux dans leurs familles, un milieu difficile miné par l’alcool, la drogue, les conflits entre parents, la pauvreté, etc.
La ministre s’est contentée de donner de l’argent à ces familles. Ce qui ne règle nullement le problème».

La ministre a justifié l’injustifiable
Selma Baccar, constituante d’Al Massar, du même bloc   démocratique, tout aussi remuée par l’affaire cruelle du viol de la petite fille, nous informe qu’un groupe de constituantes de l’ANC va rendre visite à la famille de la fillette et s’indigne : «Lors d’une audition dans une plénière, la ministre a minimisé les problèmes de viol, ainsi que ceux des crèches et des jardins d’enfants sans autorisation qui n’appliquent aucune méthode pédagogique et dont le personnel est constitué de femmes «mounakabett». C’est tout vous dire. Et la ministre laisse faire pour plaire à Ennahdha. Pis, sa réaction au viol de la fillette est impulsive et irresponsable quand elle rejette l’accusation sur la famille élargie de la petite fille pour innocenter le gardien. C’est là justifier l’injustifiable.
Or, dans un pays démocratique même si le viol de l’enfant avait eu lieu dans la rue par n’importe qui, la ministre démissionne, normalement, car le rôle de son ministère est de protéger l’enfance dont elle est responsable.
On aurait aimé qu’elle réagisse raisonnablement et efficacement au moins en aval si elle est incapable de régler les problèmes en amont. Par exemple en allant rapidement visiter la famille, demander pardon et lui apporter un suivi psychologique. Ainsi, au lieu de s’occuper de son travail, la ministre s’investit plutôt dans la propagande pour la Troïka comme elle l’a fait récemment lors d’une manifestation d’Ennahdha sur l’avenue Bourguiba».
Toutefois, d’aucuns pourraient se demander  : est-ce que au lieu  d’une motion de censure, la demande d’une audition ne suffirait pas pour questionner la ministre et tirer la sonnette d’alarme ?
Najla Bourial rétorque : «Il y a eu trop d’aberrations et de dépassements. Combien de temps encore on va se taire. Or, il faut trouver des solutions rapides aux problèmes que vivent les enfants, les vieux qui ne sont pas logés à une meilleure enseigne dans les centres des personnes âgées.
Il faut bouger. J’ai pris cette initiative, parce que j’ai été réellement très ébranlée et profondément émue par cette dernière affaire de viol et toutes les autres d’ailleurs.
Si Mme Badi n’est pas capable de prendre les décisions adéquates pour protéger l’enfance, la famille et la vieillesse elle doit démissionner ou être déchargée de ses fonctions».
Maintenant quelles sont les chances de voir cette motion de censure aboutir ?
Réponse de la constituante : «Une cinquantaine de constituantes et de constituants parmi le bloc démocratique, les indépendants, des démissionnaires du CPR, d’Ettakatol  comptent signer la motion. D’autres constituants des partis Ennahdha et Wafa ont promis de la signer mais ils sont encore hésitants ou se sont rétractés face peut-être aux consignes de leurs partis».
Rappelons qu’afin de réunir l’ANC en plénière pour auditionner la ministre, il faudrait atteindre, selon la petite Constitution, un quorum de 73 signatures.
Et si une majorité de 109 signatures est réunie, la ministre sera déchargée de ses fonctions.
Najla Bourial s’attendait, confie-t-elle, à une pluie de signatrures face à un problème aussi humain et épineux de viol de l’enfance, mais je m’aperçois, encore une fois, que les partis, leurs consignes et mots d’ordre priment sur l’humain».   

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