vendredi 17 mai 2013

apologie de la violence en direct sur Attounssia

 Dès la fin de l’émission Ettassiaâ, diffusée lundi dernier, sur Ettounssia, la réaction sur les réseaux sociaux ne s’est pas fait attendre.
Des constituants, des journalistes et autres acteurs de la société civile ont fustigé ce qu’ils ont considéré comme l’apologie de la violence et du terrorisme, en direct, avec en prime l’éloge d’Al Qaïda et de son chef disparu, Oussama Ben Laden.
Cet éloge de la violence n’est autre que le forfait de l’un des invités du plateau d’Ettassiaâ, en l’occurrence Bilal Chaouachi, le porte-parole du mouvement «Ansar Al Charia» affilié au réseau Al Qaïda.
Tous les intervenants sur les réseaux sociaux se sont interrogés, à juste titre, «si sous prétexte de la liberté d’expression et de la recherche de l’audimat à tout prix, il faut donner la parole à ceux qui prônent la haine, la violence, voire le port des armes pour instaurer le califat»? N’est-ce pas là une agression claire et nette du public et des invités sur le plateau, dont certains étaient même intimidés, voire complaisants.
Encore heureux que Mazen Chérif, docteur en science de la théologie et dans la stratégie sécuritaire, a tenu la dragée haute à ce Bilal Chaouachi, lequel rejette en bloc la démocratie, l’Etat civil, l’Etat de droit, les élections, et ne reconnaît aucune loi, hormis la chariaâ, en refusant la demande d’une autorisation au ministère de l’Intérieur pour l’organisation du Congrès annuel de son mouvement  jihadiste prévu le 19 mai à Kairouan, «car Allah, a-t-il martelé, nous a déjà donné l’autorisation».
Pis, le porte-parole d’«Ansar Al Charia» refusant de dialoguer avec les invités a accaparé la parole, sous le regard étonnamment permissif de l’animateur Moëz Ben Gharbia, dans d’interminables monologues, en tant que détenteur de la vérité et de la légitimité divines, a asséné des sentences du genre : «Là où il y a Al Qaïda règne la prospérité comme au Yémen, en Syrie et au Mali» ou «Oussama Ben Laden est un bienfaiteur, nous lui devons tout», ou encore : «Il n’y a de démocratie que celle de Dieu».
Enfin, il a annoncé que «son mouvement prendra les armes s’il le faut pour mener la guerre contre les ennemis de Dieu». Et nous en passons. Un invité de ce type qui appelle soi-disant à la prédication prône en fait la lutte armée pour instaurer le califat affichant par là tout un agenda et un programme politique et sociétal extrémiste. Cet illuminé de Dieu avait-il vraiement sa place sur un plateau de TV ?
Pourquoi Ettounsia a donné, encore une fois, une légitimité à ce prêcheur de la haine et de la violence ?
Pourquoi lui avoir donné l’occasion de faire de la propagande pour son mouvement pendant deux heures tout en sachant qu’un public d’enfants et de jeunes peut être influencé par de pareils discours haineux et violents qui pèchent par leur simplisme excessif. L’information n’a-t-elle pas un rôle pédagogique ?
La quête du sensationnel et de l’audimat peut-elle  permettre, contre toute déontologie et éthique professionnelle, d’inviter n’importe qui dans les studios et sur les plateaux de télé, comme lesdites ligues de protection de la révolution, les partis extrémistes et autres prédicateurs de la haine ? Ne fallait-il pas passer à l’acte et couper le miro à cet individu ? Les téléspectateurs ont eu droit à des bips pour moins que ça. N’y a-t-il pas de lignes rouges, de garde-fous et de limites pour la préservation de l’Etat et de l’unité de la patrie ? Ne sait-on pas que la liberté des uns s’arrête là ou commence celle des autres ? Vivement l’instauration d’un cadre juridique de la Haica afin qu’elle puisse jouer, enfin, son rôle.

Témoignages

«La Haica est une coquille vide»

 La Haica (Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle) a-t-elle réagi au contenu de l’émission «Ettassia» sur Ettounissia-TV, où l’un des invités, Bilal Chaouachi, porte-parole du mouvement «Ansar Al Echariaâ», s’est permis de faire l’apologie d’Al Qaïda et de son chef disparu Oussama Ben Laden ? Cela d’autant que l’intervenant a appelé à l’instauration du califat, même par la voie de la violence et des armes s’il le faut. Pour en savoir plus, nous avons interrogé le président de la Haica, Nouri Lajmi, et Hicham Snoussi, un des membres de l’instance.

Nouri Lejmi, (président de le Haica) : «Nous n’avons pas encore de statut»
Normalement, la Haica est appelée à prendre position et des décisions face à de pareils émissions et propos incitant à la haine et à la violence. Mais, vu que la Haica ne  jouit pas encore d’un statut, notre premier objectif est d’instaurer ce cadre juridique. Cela outre que nous n’avons ni budget, ni local, ni logistique, ni personnel, ni téléphone, ni fax. Enfin, la situation administrative des membres de la Haica n’est pas claire. La plupart occupent toujours leur poste de travail, notamment les universitaires qui ont le devoir de terminer l’année universitaire en assurant les examens et les travaux d’encadrement.

Hichem Snoussi (membre de la Haica) : «La Haica n’a pas encore d’observatoire»
Nous n’avons pris aucune décision concernant cette émission car nous n’avons pas encore de statut, ni de règlement intérieur, ni d’observatoire, l’organigramme fixant les responsabilités de chacun n’a pas encore vu le jour. La Haica est encore une coquille vide. Elle a été annoncée sans que le règlement intérieur, ni le local et la logistique, ni l’administration n’aient été prévus. C’est pourquoi il faudrait accélérer la mise en place d’un cadre juridique pour que l’instance joue pleinement son rôle d’observatoire et de contrôle des médias audiovisuels.
S.D.15/05/2013

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